Description : acier, bois, acrylique, caoutchouc
Dimensions : installation dimensions variables
Travail réaliser pour l’exposition Jeune Création 2012 au 104.
Trois séries de trois tétraèdres impliquant trois tabourets à trois pieds. Telle est la trilogie de résistance que nous propose Jérôme Pierre. La récurrence du nombre trois ne peut être éludée et inscrit d’emblée le travail de l’artiste dans une histoire millénaire. Jonglant habilement avec les symboles, il développe son travail autour d’images archétypales fortes. Avec Tétraèdre-résistance, Jérôme Pierre plonge le spectateur dans un régime ’hyper-imagerie qui fait affluer à l’esprit de ce dernier, nombre de références. La structure des tétraèdres sur le tabouret n’a de cesse de convoquer en arrière plan la figure tutélaire de Marcel Duchamp et de sa Roue de bicyclette. Les composantes formelles ; le blanc du tabouret contre le noir des tétraèdres, l’opposition du bois et de l’acier, le modelé rond du tabouret contre les arrêtes des figures, tout concourt à susciter des forces antagonistes, sorte de puissances étrangement inquiétantes qui irradient l’espace d’exposition. Le choix du tétraèdre par l’artiste n’est pas anodin. Cette figure mathématique fascinante, aussi appeler solide de Platon, est formée de quatre triangles équilatéraux et a comme propriété remarquable d’être son propre dual : en joignant les centres des faces, on peut alors obtenir un nouveau tétraèdre régulier. Le tétraèdre est ainsi reproductible à l’infini et suggère au spectateur qui les contemple une mise en abyme vertigineuse incarnée par l’installation elle-même. La présence de la machine comme matrice originelle du tétraèdre -mais aussi comme condition première de réplicabilité de l’œuvre- est le point de départ de l’évolution de la figure. Les figures de taille moyenne, posées à même le sol, semblent être une étape intermédiaire entre la création, symbolisée par la machine, et le stade final des tétraèdres placés sur les tabourets. En ce qu’ils sont chargés de signification, ces derniers semblent être les signes d’un stade avancé de civilisation. En effet, par la disposition des tétraèdres, Jérôme Pierre les charge d’une dimension subversive. Là où les tabourets auraient pu être placés dans l’espace de la galerie pour que les spectateurs s’y assoient et contemplent les autres œuvres ; la présence de ces objets tranchants et pointus empêche toute contemplation passive et attire l’attention du spectateur sur la nécessité de demeurer alerte face au flot d’informations qui nous entoure.
Delphine LOPEZ
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